CHAPITRE XXXIV
Quand l’escadron revint dans l’espace normal, la lune réduisait Borleias à un petit croissant bleu-vert strié de blanc.
Corran verrouilla ses stabilisateurs en position d’attaque. Devant lui, Wedge fit de même.
Les vaisseaux maintinrent le silence radio pendant la descente. Corran positionna son chasseur à gauche de celui de Wedge. Les scanners étaient en mode passif pour éviter une détection. Ils n’indiqueraient que les balayages en cours couplés à une recherche de cible. La reconnaissance visuelle par les pilotes et les astromechs prenait de ce fait une importance capitale.
— Nous ne devrions pas rencontrer grand-chose, murmura Corran.
À leur connaissance, l’Empire n’avait posté ni chasseurs ni unités de détection sur la lune. La possibilité existant quand même, l’escadron dissimulait sa présence de son mieux.
Passer en trombe en frôlant d’aussi près que possible la surface lunaire semblait hardi, mais guère plus que le reste de la mission. Quand l’horizon apparut sous forme d’un croissant blanc, l’aile X de Wedge se redressa et s’éloigna.
Sur Borleias, la lune était à demi pleine. L’escadron approchait sous le couvert de la face obscure.
Les vaisseaux plongèrent dans le puits de gravité de la planète. Juste avant d’entrer dans l’atmosphère. Corran décrivit une boucle à tribord pour que la face obscure de Borleias se trouve au-dessus de lui.
Tirant sur le manche à balai, il fit pénétrer le chasseur dans l’atmosphère. Le bouclier spécial installé par Zraii rougit puis se désintégra.
Quand ce fut terminé, Corran entama une descente en piqué vers la nuit borleiasienne.
Le bouclier spécial avait camouflé son vaisseau en météorite. Corran vérifia ses scanners et ne vit aucune trace de radars ennemis.
Vérifiant ses instruments, il diminua sa vitesse pour arriver au point de rendez-vous au moment prévu.
Il mit en route la pompe à carburant auxiliaire.
Un message d’erreur défila sur l’écran.
— Whistler, la pompe auxiliaire ne marche pas. Peux-tu faire quelque chose ?
Whistler émit un bip désolé.
Tant pis. Je serai obligé de puiser directement dans le réservoir auxiliaire. Ce n’est pas bien grave.
La voix de Nawara retentit dans les haut-parleurs du casque de Corran.
— Leader, douze Mirettes, je répète douze, arrivent à l’est. Formation de patrouille.
— Vol Deux, Vol Trois, occupez-vous d’eux. Neuf, c’est à nous. Vous êtes prêt ?
— Transmission télémétrique en cours. Je vous suis.
Le chasseur de Corran plongea vers la planète.
— On y va, Whistler. Baisse la tête !
Wedge activa ses scanners et fit descendre son aile X vers l’extrémité la plus étroite de la tranchée. Puis il s’engouffra dans le canyon silencieux. Il se déporta légèrement pour négocier un passage étroit. Il remarqua que Corran était allé tout droit.
— Vous jugez inutile de faire des fioritures, Neuf ?
— Oui, monsieur. (Corran se tut un instant.) Leader, deux ennemis derrière nous.
— Puissance aux boucliers déflecteurs arrière !
— Compris.
— Mynock, affiche tes données sur nos deux poursuivants.
Normalement, nous devrions être plus rapides qu’eux dans l’atmosphère. Mais j’aurais préféré qu’ils ne soient pas là…
— Quatre, deux ennemis à nos trousses. Pouvez-vous nous aider ?
Bror répondit aussitôt.
— Impossible, Leader. Des Bourdons arrivent sur nous.
— Bien reçu, Quatre.
Wedge fronça les sourcils. La présence d’intercepteurs n’était pas bon signe. Si les deux escadrons de la précédente attaque affrontaient les Rogues, personne ne s’en sortirait vivant.
Le but de la mission est de faire sauter ce conduit, pas de survivre.
— Neuf, accélérez.
— À vos ordres.
Les ailes X sortirent du canyon menant à la vallée. Sur leur droite s’étendaient des plaines verdoyantes. À gauche se dressait une falaise haute de près d’un kilomètre. Sa surface reflétait les rayons de la lune, permettant à Wedge d’apercevoir l’aile X de Corran, derrière lui.
Leur cible se trouvait cinq kilomètres plus loin.
Des rayons de laser verts crépitèrent entre les vaisseaux rebelles, Wedge poussa à tribord. Corran piqua vers la gauche.
Un Tie plongea, ses laser creusant des sillons dans le sol de la vallée, sous l’aile X de Corran.
Wedge ralentit et vira sèchement à bâbord. Puis il revint vers la gauche, dans le sillage du Tie précédemment sur ses traces.
Son doigt se crispa sur la détente.
Le chasseur impérial explosa.
— Neuf, au rapport.
— Allez-y, Leader. Je vous suis.
— Statut ?
— Je serai prêt dans une seconde.
Wedge lança son aile X vers l’extrémité nord de la vallée. Une explosion déchira l’air.
— Neuf, que se passe-t-il ?
— Mon réservoir auxiliaire a explosé. Il a été touché par des débris. Je l’ai largué. Le type qui me collait aux basques en a pris plein la vue.
Wedge regarda la jauge de carburant. Son réservoir auxiliaire contenait encore un quart de sa capacité.
— Statut du carburant ?
— Ça ira.
— Combien vous en reste-t-il ?
— Réservoir plein aux trois quarts. Assez pour faire le boulot.
— Bien reçu.
Une seule passe, Corran, et vous filez de là. Vous êtes déjà en train d’épuiser vos réserves.
Wedge arma ses torpilles à protons.
— Soyez prudent. Puissance aux boucliers avant.
Wedge lança l’aile X dans le dernier coude avant le conduit. Des rayons laser percutèrent ses boucliers avant.
Il appuya sur la détente, lâchant deux torpilles à protons. Wedge avait compris en les lançant qu’elles manqueraient la cible. Il les vit exploser contre les parois du canyon, bien avant le tunnel en ferrobéton.
Deux autres explosions illuminèrent la nuit.
— Neuf, au rapport.
— Mes torpilles étaient trop basses. Il y a un véhicule d’assaut en bas. C’est lui qui nous tire dessus.
— On dirait qu’ils ont entrepris de renforcer le tunnel.
— Je m’en suis aperçu. J’ai descendu une bétonnière.
Wedge consulta ses scanners.
— Un escadron d’intercepteurs se dirige vers nous.
— Vos ordres, Leader ? Je peux faire une autre passe.
— Ce serait du suicide, Neuf. Vous n’avez pas assez de carburant.
— Je peux le faire, monsieur.
— Rentrez tant que vous le pouvez encore !
— Non.
— C’est un ordre !
Wedge sentit la déception de Corran.
Exactement ce que j’ai éprouvé quand Luke m’a fait quitter la tranchée lors de l’attaque de la première Étoile Noire.
— Partez, Corran. Vous ne servez plus à rien ici.
— À vos ordres, monsieur. Qu’allez-vous faire ?
— Notre mission est de détruire le conduit. Nos camarades sont bloqués par les Tie. Les défenses des Impériaux arrêteraient n’importe quel pilote. Sauf l’Escadron Rogue !